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Circulation, stationnement, et autres expérimentations en ville : plein phare sur la mobilité urbaine en 2025 !

par Olivier Koch, Directeur Général, EasyPark

« Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo ». Depuis mars 2024, la loi d’orientation des mobilités impose aux constructeurs automobiles d’inclure ce type de mention dans leurs communications (sous peine d’amendes) afin de promouvoir les modes de transport alternatifs. Derrière ce paradoxe se cache un objectif clair : mettre en lumière les enjeux environnementaux. Les villes, confrontées à ces préoccupations écologiques, doivent se réinventer, et cela passe, notamment, par une révision de l’usage de la voiture. En France, le parc automobile particulier est estimé à près de 39 millions de véhicules, un chiffre en constante augmentation. Tandis que la possession de véhicules individuels par foyer est devenue la norme, la congestion urbaine face aux défis de mobilité de demain devient un problème majeur. L’État met en place de nombreuses initiatives pour inciter les Français à réduire l’empreinte carbone de leurs déplacements. Entre problématiques écologiques, encadrement du stationnement et tarification différenciée, comment s’y retrouver en 2025 ?

Circulation et stationnement en ville : un encadrement strict

De nombreuses grandes villes cherchent à réduire la place de la voiture dans l’espace public, avec pour objectif une piétonnisation maximale. Cela passe par des régulations strictes, comme la limitation de la vitesse à 30 km/h en ville et la création de zones à faibles émissions, mises en place avec les vignettes Crit’Air dès 2016 à Paris, puis étendues à d’autres grandes villes françaises. Circuler dans les agglomérations devient de plus en plus complexe. « Il faut oublier la traversée de Paris d’est en ouest », affirmait Anne Hidalgo en 2020, pour illustrer l’orientation future de la mobilité dans la capitale, réponse aux problèmes de congestion du périphérique parisien et à la pollution urbaine. D’ici 2026, Paris prévoit de supprimer 70 000 places de stationnement en voirie, qui seront transformées en espaces végétalisés. Ces mesures visent à décourager l’usage de la voiture, souvent perçue comme un mode de transport individuel ancré dans les habitudes, au profit de mobilités plus douces, telles que les nouvelles pistes cyclables et les transports en commun (métros et RER rallongés). L’objectif final : protéger l’environnement et décongestionner les espaces urbains.

Des villes européennes en quête de solutions

Paris n’est pas la seule grande ville européenne souhaitant être un exemple dans les mesures mises en place pour renouveler la mobilité urbaine. D’autres sont même allées plus loin dans l’implémentation de nouvelles réglementations, du fait d’une situation de congestion devenue trop critique. Milan, par exemple, qui, en voulant suivre le modèle de certaines métropoles comme Londres ou Stockholm, a tout récemment lancé une expérimentation de péage urbain dans son centre-ville, baptisée « Area C ». Ainsi, les automobilistes doivent débourser 5 euros s’ils veulent désormais entrer dans le centre de la ville italienne, indépendamment du type de véhicule et du degré de pollution qui lui est associé. L’objectif étant bien évidemment de réduire le trafic et d’investir, à terme, les revenus du péage (estimés à 30 millions d’euros par an) dans les transports en commun et les pistes cyclables. Cette initiative, dont les résultats seront à scruter de près, pourrait donc potentiellement concilier régulation du trafic et financement d’alternatives plus écologiques, permettant ainsi aux personnes dépendant de leurs véhicules de bénéficier de nouvelles solutions de mobilité. Si l’implémentation d’un tel péage est évidemment une solution susceptible de faire débat, il sera intéressant de continuer à analyser au fil du temps les résultats obtenus par le modèle milanais car si 2024 avait comme pilier la lutte contre l’empreinte carbone et contre les bouchons en agglomération, 2025 semble démarrer sous de nouvelles augures.

Alors que de nombreuses municipalités poursuivent leurs initiatives de piétonnisation des centres-villes, ce mouvement suscite des réticences, notamment parmi les commerçants, qui craignent une perte de clientèle en raison des difficultés de circulation. À Lyon, plusieurs associations de commerçants se sont opposées à la piétonnisation de la presqu’île, prévue cette année. Certains ont même porté cette question devant le Conseil d’État.

Tarification différenciée et autres expérimentations : des solutions et réflexions sur des zones urbaines

En février 2024, les Parisiens ont voté à l’unanimité pour tripler la tarification du stationnement des SUV – une mesure mise en place depuis octobre de la même année, s’appliquant au prix du stationnement de ces véhicules jugés lourds et polluants, multiplié par trois et pouvant atteindre 18 euros par heure. Cette décision vise à réduire la présence de ces véhicules encombrants dans l’espace urbain. Toutefois, les véhicules professionnels, comme les camionnettes de livraison, sont exemptés de cette mesure. L'objectif est de limiter les déplacements « de loisirs » et touristiques, souvent responsables de la pollution en ville. D’autres villes, comme Bordeaux et Lyon, ont adopté des régulations similaires.

Bien que ces initiatives soient louables sur le plan écologique, elles nécessitent un accompagnement pédagogique pour sensibiliser les citoyens et expliquer l’importance et le bien-fondé de ces mesures. Cela inclut notamment des explications et la mise en place d’infrastructures adaptées pour accueillir le nouvel afflux d’usagers qui devront délaisser leurs véhicules.

La circulation en ville est au cœur de nombreuses discussions, et de nombreux projets sont en cours dans les agglomérations. Paris, par exemple, propose régulièrement à des entreprises privées de tester des solutions innovantes en matière de logistique, de distribution ou de gestion des déchets. L’objectif : optimiser le transport de marchandises tout en réduisant son impact négatif (qualité de l’air, bruit, saleté, etc.). Il serait pertinent de mettre en place ce type d'initiative dans le cadre de la gestion du stationnement, afin de mieux anticiper les réductions à venir et accompagner ceux qui ne souhaitent pas utiliser les transports en commun. Les collectivités et les gestionnaires de stationnement jouent un rôle clé dans cette réinvention de la mobilité. Les collectivités ont la possibilité d’exploiter les données de circulation pour guider leurs décisions, tandis que les acteurs du stationnement explorent de nouvelles solutions inspirées d’autres secteurs, comme le « péage flux libre » en vigueur sur l’A13, permettant de réduire la congestion en supprimant les barrières physiques.

Réinventer la mobilité et le stationnement est devenu essentiel face aux défis croissants rencontrés par les collectivités. Le succès de ces initiatives repose sur une planification concertée, des infrastructures adaptées et une sensibilisation accrue des usagers. En combinant innovation, collaboration et vision à long terme, il est possible de transformer nos villes, de les rendre plus accessibles, écologiques et agréables à vivre. Cela passera aussi par l’ouverture du marché du stationnement, avec des solutions numériques interopérables et une gestion unifiée, facilitant ainsi la mobilité urbaine de manière fluide et sans couture.